Qu'est-ce que la démarche des Actions Educatives Familiales ?
Qu'est-ce que la démarche des Actions Educatives Familiales ? | Sensibiliser professionnels et bénévoles | Accompagner et mobiliser durablement les parents | Orienter vers la formation | Des ressources |
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Un peu d'historique
En France, comme partout en Europe, le nombre de personnes en situation d’illettrisme qui s’engagent dans des formations reste très faible même lorsqu’il existe des offres multiples et variées dans leur environnement proche. Il est primordial, nous le savons bien, que la demande de formation puisse émaner de la personne elle-même. Mais comment la susciter pour permettre aux 2 500 000 personnes qui sont concernées de sortir de l’illettrisme ?
Les divers obstacles qui les empêchent de s’engager dans une formation doivent être bien-sûr identifiés le mieux possible. Mais en même temps, pour enrayer la spirale de l’exclusion, il est indispensable de faire évoluer aussi les représentations collectives qui tendent encore à considérer ces hommes et ces femmes ordinaires comme des individus à part, « les illettrés ». Ceux et celles qui sont ainsi catalogués adoptent très souvent des comportements de réserve, de retrait, cherchent à se rendre invisibles pour éviter d’être stigmatisés. Ils font cela pour eux-mêmes mais aussi pour protéger leurs proches et c’est ainsi que se met en place un processus d’auto-exclusion. Or, l’illettrisme est une situation, une situation dont on peut sortir, d’autant plus facilement qu’on est soutenu, accompagné, valorisé.
Parmi les personnes confrontées à l’illettrisme de nombreux parents, grands-parents qui comme tous les parents souhaitent la réussite scolaire de leurs enfants... Mais comment accompagner la scolarité de son enfant, suivre ce qui se passe à l’école quand on est soi-même en grande difficulté avec l’écrit. Comment lui transmettre le goût de la lecture sans pouvoir soi-même, avec lui, lire des livres comme les autres parents ?
La démarche des Actions Educatives Familiales (AEF) est constituée d’actions qui s’adressent à des familles dont les parents sont en situation d’illettrisme ou à faible capital scolaire. Démarche innovante, les AEF ont fait le pari que la mobilisation des parents est plus facile et plus forte au moment des grands temps de la vie scolaire scolaires de leurs enfants –entrée à l’école maternelle, au CP, à l’école élémentaire, en 6ème, au collège – un déclic peut alors se produire pour faciliter leur engagement dans une démarche de réacquisition des savoirs de base. Soutenir ces parents d’élève, les rapprocher de la culture de l’écrit, les aider à construire une relation positive avec l’école tout en s’engageant dans une démarche de formation pour réapprendre la base de la base : lire, écrire, compter, c’est l’objectif des Actions Educatives Familiales.
En 2004, déjà l’ANLCI avait proposé la mise en œuvre de programmes familiaux locaux, en 2008 avec le soutien du Haut-Commissariat aux Solidarités actives, devenu Ministère de la Jeunesse, l’ANLCI a été chargée de conduire et coordonner l’expérimentation nationale de ces actions qu’avec nos partenaires nous avons dénommées Actions Educatives Familiales avant d’en proposer l’essaimage.
La démarche des AEF : pourquoi ? Pour qui ?
Quel est le problème à résoudre ?
Aujourd'hui en France 2 500 000 adultes de 18 à 65 ans sont confrontés à l'illettrisme, parmi eux des parents qui ont beaucoup de mal à suivre la scolarité de leurs enfants et à les accompagner dans leurs parcours d'apprentissages. Ces personnes rencontrent aussi des difficultés dans leurs contacts avec les acteurs éducatifs et les institutions. L’expérience montre également que ces adultes dépendent souvent de leurs enfants en matière de communication écrite ce qui perturbe les rôles familiaux et peut constituer une entrave à l’exercice de leur autorité parentale.
Nous avons également constaté que ce qui est vrai pour les parents en situation d’illettrisme l’est aussi pour tous les parents qui ont des difficultés avec le langage scolaire.
Une Action Educative Familiale est une action menée avec des adultes qui sont aussi parents et pour qui la non maîtrise des savoirs et compétences de base : parler, lire, écrire, calculer se repérer, rend difficile l'accompagnement de la scolarité de leurs enfants, les contacts avec l'école, l'accès à des équipements éducatifs, culturels, l'exercice de la parentalité dans toutes ses dimensions.
Transformer positivement le rapport à l'écrit de ces personnes, développer leur maîtrise des savoirs de base constituent des objectifs présents pour toutes les actions, quels qu'en soient les contenus et modalités de mise en œuvre.
Toutes ces actions visent un effet ricochet dont le but est d'avoir, via la mobilisation des parents autour des savoirs de base et leur réconciliation avec la culture de l'écrit, un impact positif sur la scolarité des enfants.
A qui s’adressent les Actions Educatives Familiales ?
- Les adultes parents en situation d’illettrisme prioritairement et par extension les parents à faible capital scolaire.
- Les enfants qui peuvent bénéficier des effets de l’action qu’elle leur soit directement destinée ou qu’elle soit conduite en direction de leurs parents, ils en sont alors les bénéficiaires indirects.
- La famille : au-delà des enfants et des parents c’est la famille dans son ensemble qui peut être concernée par ces actions. Les grands parents, les frères et sœurs peuvent aussi en bénéficier. Et si les mères sont majoritairement présentes dans ces actions, les effets indirects sur les pères sont parfois observés.
Une démarche en 3 temps
3 questions-réponses pour bien comprendre la démarche :
1. POURQUOI CETTE DÉMARCHE ?
L’entrée d’un enfant dans les apprentissages constitue un moment privilégié pour mobiliser les parents. C’est à partir de cette observation du terrain qu’a pris naissance la démarche des AEF. Il s’agit de transformer cette « motivation », cette envie de jouer un rôle actif dans la scolarité de ses enfants en une mobilisation vers l’acquisition de la lecture et de l’écriture des parents confrontés à l’illettrisme.
La démarche des Actions Educatives Familiales vise une transformation positive du rapport à l'écrit des personnes en situation d’illettrisme et un développement de leur maîtrise des compétences de base.
2. COMMENT OBTENIR CETTE MOBILISATION ?
Les AEF mettent en place les conditions nécessaires pour que les personnes osent faire le premier pas, pour les mobiliser durablement. Elles ont un impact sur l’accompagnement des enfants et renforcent l’autonomie des parents.
Pour cela, plusieurs grandes étapes ont été identifiées et traduites sous la forme de paliers. Le premier d’entre eux, essentiel, vise à sensibiliser les professionnels ou bénévoles à la problématique de l’illettrisme.
Cette étape permet de proposer aux parents des activités adaptées (rencontres / ateliers autour du jeu, de l’album…).
3. S’AGIT-IL D’UN « DISPOSITIF » DE PLUS ?
Non, la démarche des Actions Educatives Familiales est née en 2008, portée par l’ANLCI, et a bénéficié d’une reconnaissance du ministère de l’Education nationale et de la Réussite éducative qui a permis le développement d’un kit spécifique sur cette démarche. Il ne s’agit pas de mettre en place un « dispositif de plus » mais de proposer des actions qui viennent s’articuler, renforcer, compléter, des supports ou dispositifs existants (Contrat local d’accompagnement à la scolarité, « ouvrir l’école aux parents », mallette des parents, réseaux d’écoute, d’appui et d’accompagnement des parents, …) et aux cotés des partenaires identifiés (collectivités, CAF, services de l’Etat, associations…) et surtout de les rendre vraiment accessibles aux personnes confrontées à l’illettrisme.
