Un groupe de 7 étudiants, au sein de l’école supérieure des arts appliqués et design de la Martinière Diderot à Lyon, se sont lancés dans un projet tutoré dans l’objectif de concevoir des outils susceptibles d’aider les personnes en situation d’illettrisme au quotidien. L’idée n’était pas de « faire à la place de » mais de proposer des modalités « rassurantes », concrètes, permettant d’aborder plus facilement des situations problèmes liées à la mobilité, la gestion du temps, les actions courantes du quotidien. Ce collectif, qui s’est baptisé RE-PAIR, est allé à la rencontre de professionnels de l’ANLCI, de l’organisme de formation ALPES, de personnes concernées, afin d’enrichir leurs connaissances, représentations et approches du sujet. Nous leur donnons aujourd’hui la parole pour faire part de leur expérience.
« Lorsque nous avons découvert que notre projet portait sur l’illettrisme, nous avons tout de suite réalisé à quel point cette situation était méconnue et sous-estimée, tant elle est invisible et invisibilisée dans notre société. Apprendre que près de 4 % de la population française est en situation d’illettrisme nous a rapidement fait réaliser à quel point ce sujet est peu médiatisé et rarement abordé dans le champ du design. Ce projet, dans lequel nous avons bénéficié d’une grande liberté dans la demande, nous a donné l’opportunité d’imaginer une solution réellement tournée vers l’accompagnement des usagers au quotidien. Notre volonté n’était pas de proposer un simple « dispositif pansement » destiné à masquer les difficultés, mais plutôt de concevoir une expérience susceptible de créer un déclic chez les personnes concernées, en valorisant leurs capacités et en leur montrant qu’elles peuvent progresser par leurs propres moyens. Ces solutions constituent également un levier de sensibilisation, en attirant l’attention sur les enjeux et les réalités vécues par ces publics. Par ailleurs, certains membres de notre collectif souhaitent s’orienter vers le design inclusif, ce qui rend cette expérience encore plus enrichissante. »
Les étudiants ont conçu divers outils tels qu’une frise représentant les tâches sur une journée d’une personne en situation d’illettrisme avec le niveau de stress qu’elles engendrent par rapport à une personne lettrée.
Des agendas interactifs équipés de stickers, des calendriers en 3D permettant de d’identifier le jour de la semaine, des dispositifs à clipser sur des stylos et des porte-clés permettant de compter les arrêts dans les transports en communs, etc. ont été imaginés.

