L’illettrisme au travail

En France, 1,4 million de personnes ne maitrisent pas les compétences de base en lecture, écriture, calcul et numérique, après avoir pourtant été scolarisées. En raison de leurs difficultés, ces personnes ne peuvent pas être autonomes dans des situations simples de la vie courante.

Plus de la moitié des personnes confrontées à l’illettrisme sont dans l’emploi.

Ce chiffre a suscité une prise de conscience pour agir collectivement aux côtés de l’ANLCI : dans le monde du travail, les compétences de base sont constamment mobilisées dans les pratiques professionnelles, quels que soient le poste occupé et le niveau de qualification. Le recours à l’écrit y occupe une place de plus en plus grande du fait de l’usage systématique du numérique.

Face à un environnement de travail et des métiers qui évoluent avec l’apport des technologies numériques, agir pour la maîtrise des compétences de base pour tous les salariés est indispensable. Les personnes accompagnées vers des solutions de formation adaptées gagnent en bien-être, en aisance et en confiance, sont en situation de mieux communiquer avec les autres (collaborateurs, clients, usagers), disposent d’une plus grande autonomie, d’une meilleure compréhension des règles de sécurité, de qualité, etc. Cela facilite également leur accès à l’emploi, l’évolution dans l’entreprise, le recours à des formations techniques.

Les situations d’illettrisme mal évaluées et/ou non résolues, peuvent représenter un frein réel pour le développement économique et social des entreprises et des organisations : des risques quant à la qualité de production ou de service rendu, une utilisation non optimale des ressources (humaines, financières, matérielles…), un climat social dégradé, un frein sur l’adaptation des salariés aux nouvelles organisations de travail, etc.

C’est pour cela que L’ANLCI a développé Ev@gill, un outil de diagnostic gratuit pour les entreprises, leur permettant de mieux appréhender les risques de situations d’illettrisme dans leur environnement de travail.

Une boîte à outils « Les Incontournables » réalisée par l’ANLCI en 2023 avec de nombreux partenaires et OPCO, présente les actions à mettre en œuvre par les employeurs pour agir contre l’illettrisme et accompagner et former les personnes qui en ont besoin.

Agir pour sécuriser les parcours professionnels

L’illettrisme peut constituer un obstacle majeur dans le parcours socioprofessionnel des personnes, créant des défis significatifs pour leur accès à l’emploi et leur progression professionnelle. Sécuriser les parcours socioprofessionnels des salariés et demandeurs d’emploi en situation d’illettrisme et d’illectronisme, est un enjeu majeur.

1. Sensibiliser et repérer :

La première étape pour sécuriser les parcours socioprofessionnels des personnes en situation d’illettrisme consiste à sensibiliser les employeurs, les collègues et les demandeurs d’emploi à la réalité de l’illettrisme.

Mettre en place des programmes de sensibilisation permet non seulement d’identifier ceux qui pourraient être confrontés à ces difficultés, mais aussi de créer un environnement compréhensif et bienveillant favorable à l’expression des difficultés et à la construction de solutions.

 

2. Faciliter l’accès à la formation :

La sécurité professionnelle commence par l’accès à la formation. Les employeurs, les OPCO, le réseau France travail et les organismes de formation peuvent collaborer pour offrir des actions de formation et d’accompagnement adaptées aux besoins des jeunes et adultes en situation d’illettrisme et d’illectronisme.

Ces programmes visent à renforcer les compétences de base en lecture, en écriture, en calcul et en numérique en lien avec le monde du travail et les projets des personnes.

 

3. Développer la formation continue et les politiques d’emploi inclusives

La sécurité des parcours professionnels implique également une attention continue pour garantir la formation tout au long de la vie et l’accès équitable au développement qualitatif des compétences pour tous :

  • Le réseau France travail et les autres acteurs publics de l’accompagnement et de la formation professionnelle via une politique d’emploi inclusive et des dispositifs adaptés aux besoins des personnes, aux attentes des entreprises et aux nouvelles exigences du monde du travail ;
  • Les structures d’insertion par l’activité économique (SIAE) grâce à un accompagnement renforcé et la mise en place de leviers pour valider le projet professionnel et faciliter l’insertion durable des salariés des structures d’insertion en situation d’illettrisme ;
  • Les opérateurs de compétences (OPCO) en proposant une ingénierie de formation adaptée, des solutions contextualisées et un accompagnement des entreprises dans l’identification des besoins, le financement et les suivis des projets ;
  • Les employeurs en développant des programmes de formation continue adaptés et en encourageant les salariés à développer de nouvelles compétences tout au long de leur carrière. Parallèlement, l’adaptation des postes de travail pour tenir compte des compétences individuelles permet de maximiser le potentiel des employés en situation d’illettrisme.
  • Les Organismes de formation et les centres de formation des apprentis (OF/OFA/CFA) à travers l’élaboration d’offres de service personnalisées, ludiques et de qualité favorisant la montée en compétence et le développement de l’estime de soi des personnes en situation d’illettrisme et d’illectronisme.

Le saviez-vous ?

Agir contre l’illettrisme pour sécuriser les parcours professionnels, c’est donner aux salariés ou demandeurs d’emploi (jeunes ou adultes) confrontés à ce problème les moyens d’être plus autonomes pour concrétiser leurs projets professionnels, faire face à des changements, réussir leur évolution professionnelle, conserver leur emploi ou en trouver un nouveau.

4. Promouvoir l’accompagnement personnalisé et le mentorat :

Un soutien personnalisé joue un rôle crucial dans la sécurité des parcours professionnels. Mettre en place des programmes de mentorat permet aux demandeurs d’emploi et aux salariés en situation d’illettrisme de bénéficier de conseils avisés et de partager des expériences. Cela crée un réseau de soutien interne et externe, favorisant l’épanouissement professionnel.

5. Accompagner à la reconversion :
  • Mettre en place la démarche de Gestion des Emplois et des Parcours Professionnels (GEPP) et un conseil en évolution professionnelle (CEP) adaptés aux besoins des personnes en situation d’illettrisme et d’illectronisme pour les aider à identifier de nouvelles opportunités de carrière en fonction de leurs compétences et intérêts ;
  • Développer des programmes de reconversion professionnelle avec des formations adaptées aux attentes du marché du travail et tenant comptes des besoins de compétences des personnes en situation d’illettrisme.
6. Renforcer l’inclusion numérique :

La maîtrise des compétences numériques est devenue incontournable dans le monde professionnel. Pour sécuriser les parcours socioprofessionnels des personnes en situation d’illettrisme, il est essentiel de proposer des programmes spécifiques pour développer ces compétences. Mobiliser la démarche DUPLEX peut faciliter le développement des compétences de base et des compétences numériques.

Voir la démarche DUPLEX

7. Encourager l’inclusion sur le lieu de travail :

Favoriser une culture d’inclusion au sein des entreprises est un élément clé de la sécurité des parcours socioprofessionnels. Cela implique de reconnaître et de valoriser la diversité des compétences, indépendamment du niveau d’éducation formelle. Des politiques d’embauche inclusives et des initiatives de diversité contribuent à créer un environnement où les salariés en situation d’illettrisme sont accompagnés pour  évoquer et lever leurs difficultés pour lever leurs difficultés et s’épanouir.

 

8. Soutenir les collaborations :
  • Partenariats public-privé : Favoriser les partenariats entre les secteurs public et privé pour créer des solutions collaboratives visant à soutenir les travailleurs fragilisés en raison de leur illettrisme.
  • Dialogue social : Encourager le dialogue entre les employeurs, les syndicats et les représentants des salariés pour proposer des politiques de développement des compétences de base qui garantissent la sécurité professionnelle.

Tous les acteurs professionnels concernés

L’implication des pouvoirs publics, des entreprises, des branches professionnelles et des organisations syndicales contribue à développer l’insertion durable des personnes en situation d’illettrisme et à créer un environnement professionnel sûr et inclusif, pour les salariés dont les compétences de base se sont effritées, favorisant ainsi leur bien-être au travail et leur évolution professionnelle.

Sécuriser les parcours socioprofessionnels des salariés et demandeurs d’emploi en situation d’illettrisme nécessite un engagement collectif. En adoptant des approches de formation (Apprendre Autrement par le Travail, Action de formation en situation de travail…), en favorisant l’inclusion sur le lieu de travail et en offrant un soutien personnalisé, les entreprises peuvent jouer un rôle essentiel dans la construction d’une société plus équitable, où chaque individu a la possibilité de réaliser tout son potentiel professionnel.

Surmonter l'illettrisme au travail

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